Vintage: Traxxas Bullet TRX-10

Edité le 06/06/2007.
Réactualisé le 05/08/2007.
Textes et photos de Georges.

Traxxas est une société à capitaux américains née en 1987. Le concept des produits était axé sur le prêt à rouler. Les deux premières autos commercialisées seront la Pontiac Fiero, une petite piste 1/12° électrique avec un châssis époxy et un différentiel, et le Cat, un tout-terrain 1/10° électrique très simple de conception, à la limite du jouet. En 1988 apparaît le Bullet, un tout-terrain 1/10° électrique beaucoup plus professionnel. Un véhicule étonnant, s'inspirant clairement du mythique Team Associated RC10, sans toutefois réellement le copier. D'un prix absolument imbattable à l'époque, d'un look ravageur, construit avec des matériaux nobles, et avec un bon comportement sur la piste, il aurait pu s'illustrer en compétition aux côtés d'autres châssis plus célèbres. Malheureusement, une conception extrêmement malheureuse de la transmission le priva sans doute de ce marché. Cependant, à l'époque, plusieurs compétiteurs privés (dont l'auteur de cet article) travaillèrent dur afin d'améliorer ces poins faibles, avec des résultats plus qu'encourageants. En 1991, son grand frère, le TRX-1 réussira l'exploit de se placer en finale A des championnats du monde.

Cette auto, apparemment assez largement diffusée, ne bénéficie pas d'une côte exceptionnelle sur le marché de l'occasion. On peut ainsi en trouver à un prix raisonnable en très bon état, mais le plus souvent sans carrosserie ou avec une en mauvais état.

Le but final de cet achat est de reprendre les modifications réalisées à l'époque pour rendre ce Bullet plus compétitif et fiable en vue de quelques roulages.

Packaging.

Le Traxxas Bullet TRX-10 était livré monté, carrosserie peinte, avec une radio à manches, un accu et un chargeur lent. A l'époque, durant les promotions de Noël dans certains grands magasins parisiens, on pouvait le trouver à un peu moins de 1000FF, soit environ 150€!!! La boite, de grandes dimensions, comportait des illustrations en situation un peu à la Tamiya, et diverses informations, en français s'il-vous-plaît. Tous les éléments étaient calés dans des éléments en polystyrène expansé. La boite a malheureusement été méticuleusement massacrée lors du transport par des douaniers bien peu soigneux, qui en ont également profité pour détruire l'arrière de la carrosserie...

Carrosserie.

La carrosserie du Bullet a un look ravageur.

Elle ressemble à un vrai buggy échelle 1, ou du moins à l'idée parfois naïve qu'on peut en avoir. L'arceau est moulé et rapporté. Le tout était monté, peint et les autocollants posés d'origine.

A remarquer ces pièces ingénieuses qui immobilisent la carrosserie sur la platine supérieure.

Ici côté carrosserie.

Malheureusement, le polycarbonate (bien que cela n'en soit sans doute pas vraiment) est très fin sur la partie arrière qui forme l'aileron et celui se déchire pour un rien. Les autocollants ont mal vieillis et la peinture a perdu de sa brillance.

Architecture.

L'architecture du Bullet est classique et dans les canons de l'époque. Pack en travers et moteur en porte-à-faux arrière.

Le châssis et la platine supérieure.

Le châssis est une jolie pièce emboutie en aluminium anodisée gold. Contrairement aux RC10, il n'est pas du type baignoire, mais étroit. Les bords sont néanmoins relevés pour assurer la rigidité. Il est plié sur l'avant pour donner de la chasse au train avant. L'arrière est relevé pour protéger le moteur.

La batterie est normalement en position transversale et est immobilisée par deux slots en plastique et des colliers. Petit raffinement, ils offrent trois positions pour avancer ou reculer le pack de propulsion. Il était assez simple de disposer le pack en long comme les 4x2 modernes (bien que cette disposition était déjà fréquente à l'époque).

La platine supérieure est en composite fibres de verre et époxy. Elle accueille le variateur mécanique livré d'origine et contribue à la rigidité du châssis.

Le train avant.

L'inspiration RC10 est évidente ici, de part les matières, les couleurs et l'allure. Cependant, au-delà des apparences, les cotations ne sont pas identiques et la géométrie qui en résulte est différente.

Les détails et la conception de cette partie de l'auto ont fait preuve de soin. Triangles, étriers, porte-fusées de direction, et support avant sont moulé dans un polyamide blanc très solide à l'époque (mais ayant parfois à jaunir et susceptible de devenir cassant avec le temps). Casser un triangle relevait donc du surnaturel. Les biellettes en acier sont à pas renversé, et chromé. Les axes de triangles sont également chromés. Du grand luxe à ce niveau de prix.

Le support avant d'amortisseurs (tout comme celui de l'arrière) est en aluminium anodisé gold. Incassable certes, mais tordable et un peu lourd.

Les amortisseurs s'inspirent sans scrupule de ceux du RC10 et préfigurent les mythiques amortisseurs du futur TRX-1. Leur qualité de fonctionnement est très bonne pour l'époque, et même à l'heure actuelle, n'aurait pas à rougir vis-à-vis de certaines productions plus contemporaines.

La direction bénéficie également d'une conception soignée. Seul le renvoi côté servo sera à retravailler car très souple. Le sauve-servo livré est également très souple. Bien pour débuter, mais trop flou. Il faudrait un peu le retravailler pour rigidifier le tout.

Les jantes avant, en 2.0, ont un look sympathique, et les pneus, ne sont pas sans ressembler à un standard de l'époque tant du point de vue de l'aspect que de la nature de la gomme.

Le train arrière.

Là aussi, on retrouve les éléments intéressants du train avant, triangles robustes en nylon, géométrie correcte, amortisseurs onctueux.

Par contre, il souffre de deux gros défauts.

Premier point hautement critiquable, les cardans, télescopiques façon Schumacher ou Team Losi. Ce n'est pas la partie en plastique qui pose problème, mais la liaison entre la partie plastique et la pièce métallique (soit l'axe de roue, soit la sortie de différentiel), particulièrement mal pensée.

En effet, le plastique est surmoulé sur la partie métallique et bloqué en rotation par... un méplat ! Vraiment du grand n'importe quoi, autant dire que cela ne tenait pas bien longtemps... Solution de l'époque, percer et insérer une goupille pour bloquer le tout en rotation de façon correcte. Une fois cette modification effectuée, les cardans étaient quasiment indestructibles...

Deuxième point critique, les deux demi-coquilles du carter qui faisaient également office de support de triangle. Certes, on voit cela assez souvent, et encore à l'heure actuelle, même si c'est franchement douteux d'un point de vue mécanique. Dans la pratique, cela peut suffire, même si l'on se prive de réglages intéressants, mais, pour une raison mystérieuse, le plastique utilisé pour les demi-coquilles du carter de transmission du Traxxas Bullet est différent de l'excellent polyamide utilisé pour le reste de l'auto. Cet étrange plastique, d'aspect vitreux, est cassant au possible. A l'époque, l'auteur de l'article s'était confectionné de petites équerres métalliques pour renforcer le carter.

Ces deux points sont étonnants alors que le reste de l'auto est irréprochable à ce niveau de prix. Si ces deux points avaient été corrigés, nul doute que le Traxxas Bullet aurait pu être à la fois un engin de début fiable et robuste et une machine de compétition efficace sans modification à un prix imbattable.

D'aucun critiquerait également la pignonnerie, à gros module, le différentiel à pignons, fort lourd, ainsi que la couronne, de petit diamètre et qui s'usait vite. Mais tout ceci était finalement assez robuste, simple à entretenir, ce qui était logique vu le marché visé (loisir voir début en compétition).

Tout n'est pas noir cependant avec cette transmission non plus. Comme le reste de l'auto, elle est sur bagues bronze (à vite remplacer par des roulements à billes toutefois si usage un tant soit peu intensif), la plaque moteur est en aluminium pour mieux dissiper la chaleur (fait trop rare sur les engins à bas prix), et on reste en admiration devant le soin apporté au capot moulé avec son petit joint spécifique. Revenons sur les bagues en bronze pour signaler qu'ils sont absolument presque tous de la même dimension (au standard Tamiya), très intelligent pour rationaliser les coûts.

Les pneus arrières semblent également très convenables à ce niveau de prix, et ne sont pas sans rappeller un standard de l'époque.

Le variateur de vitesse mécanique.

Le variateur mécanique est protégé par un capot transparent, en polycarbonate sans doute.

Il s'inspire incontestablement de la conception des productions Tamiya contemporaines. La réalisation est très soignée.

Les résistances largement dimensionnées.

Le moteur.

Le moteur est un Nichibo, du type Mabuchi ou Johnson 540, mais équipé d'un manteau magnétique en fer doux amovible. Non-démontable, économique, avec peu d'entretien, et suffisamment rapide pour faire quelques frayeurs à un débutant, il convient parfaitement à la vocation première de l'engin.

La radiocommande.

La radiocommande était une vraie radiocommande en 27Mhz, avec des quartz changeables. L'antenne de l'émetteur était étonnamment courte par rapport à ce qu'on peut voir sur ce type de produit. D'après ce qui se disait, cela permettait d'en limiter la portée, et ainsi dispenser l'acheteur du Traxxas Bullet d'une licence PTT, obligatoire en théorie à l'époque.

Elle était donc considérée comme jouet, alors qu'il suffisait de changer l'antenne pour une plus grande pour augmenter la portée de l'émetteur.

Le récepteur est assez gros, logé d'origine derrière le servo.

Le servo, rebadgé lui aussi Traxxas, n'était pas une foudre de guerre, mais remplissait vaillamment son rôle.

La batterie et le chargeur.

A l'époque, cette auto était livrée avec un chargeur lent à prise murale et un pack en stick de 1200mAh.

Conclusion (partielle).

Le Traxxas TRX-10 Bullet était et reste un engin attachant qui mériterait plus de considération. Un prix à l'époque imbattable, un look sympathique, de bonnes cinématiques de suspension, un équipement, une finition, une robustesse et un souci du détail sans reproche aurait pu en faire une bête de compétition. Dommage que les cardans et le carter de transmission ne supportaient pas des moteurs plus puissants que celui d'origine sans modifications importantes. Plus curieux encore, le fait que très peu d'optionneurs ne se soient pas plus penchés sur ces points. Des firmes, dont certaines sont aujourd'hui disparues, comme A&L, MIP, Thorp, CRP, Andy's, n'hésitaient pas à proposer une alternative optionnelle à chaque pièce composant le Team Associated RC10, dont des transmissions complètes (alors que celle d'origine était à des années-lumières en terme de qualité de celle du Traxxas Bullet).

Si le Bullet a semble-t'il connu un certain succès commercial, il semble dur de trouver beaucoup d'informations sur celui-ci sur le net.

Le Bullet a eu une descendance directe, avec le Radicator, puis le Rad2. Si celui présenté dans cet article était un R.T.R. (ready to run) et moulé dans des plastiques blancs, il semblerait qu'il ait existé en version en kit, et qu'il ait été parfois moulé en plastique noir.

Etape suivante: Fiabiliser par des moyens simples les points critiques.

Textes et photos (sauf mention particulière) de Georges.