Technique: Démontage d'une vis bloquée et/ou dont l'empreinte est abimée.

Edité le 19/04/2020.
Réactualisé le 29/04/2020.
Texte et photos: Georges.

Introduction.

Pour ne jamais à avoir à utiliser les diverses astuces de cet article, le mieux est de respecter ces règles d'or:

  • toujours utiliser de la visserie de qualité;
  • toujours utiliser des outils emmanchés de qualité, avec des embouts en bon état, correctement dimensionnés et de la bonne empreinte, sans partie émoussée;
  • ne jamais utiliser de visseuse-dévisseuse électrique;
  • n'utiliser de frein-filet que seulement là où cela est rigoureusement indispensable, et que c'est le cas, en mettre du bon grade et en quantité adaptée;
  • serrer les vis de façon raisonnable, idéalement avec un tournevis dynamométrique;
  • remplacer sans hésiter les vis dont l'empreinte commence à montrer des signes de fatigue;
  • ne pas adopter des pratiques qui favorisent la corrosion ou des phénomènes de soudure à froid comme par exemple dégraisser les vis.

Ceci n'est qu'un résumé qui mériterait un article à part entière tant les mauvaises pratiques sont répendues, et ce même à haut niveau en compétition. Toutefois, en respectant simplement ces quelques règles simples, on s'évite déjà bien des ennuis. Toutefois, parfois, on se retrouve face à une ou des vis bloquées et/ou dont l'empreinte abimée la ou les rende indémontables, comme cela arrive trop souvent lorsqu'on achète une auto d'occasion (petits conseils: si vous achetez une auto sur photos à distance, demandez des photos détaillées de l'ensemble de l'auto, et plus particulièrement du dessous du châssis, des fixations de la platine supérieure et de l'articulation des cardans si vous souhaitez dissiper tout doute - des photos floues sont inacceptables en cette année 2020 -, et si vous faites une transaction de la main à la main, demandez à desserrer et resserrer au moins les vis de fixation les plus critiques, ou à ce que le vendeur le fasse).

Voici donc quelques astuces pour démonter une vis bloquée et/ou dont l'empreinte est "foirée". Mais avant tout, il ne faut pas forcer si on sent que l'empreinte commence à s'abimer plus qu'elle ne l'est déjà. Naturellement, on part du principe que vous possédez des outils emmanchées de bonne qualité... mais également que vous saurez apprécier jusqu'où appliquer la force sans causer plus de dégât qu'initialement, que, si possible, tout est démonté hormis l'assemblage problématique, et que la tête de vis a été nettoyée. Et enfin que vous prenez toutes les dispositions nécessaires à votre sécurité bien sûr.

Naturellement, l'auteur de l'article décline toute responsabilité morale, juridique et financière en cas d'échec de la procédure ou d'accidents corporels ou matériels de toute sorte.

Ces différentes astuces ne sont pas classées selon un ordre spécifique, et elles sont à choisir au cas par cas, et certaines peuvent même être associées.

1. La méthode du fer à souder.

Si la vis est bloquée dans une pièce métallique et que du frein-filet est en cause, il faut chauffer la vis localement pour le fragiliser. Pour ce faire, on met en contact la tête de vis avec la pointe (fine si possible) d'un fer à souder pour la mettre en température, et, de suite, sans la laisser refroidir, on tente de dévisser. Il faut parfois s'y reprendre plusieurs fois avant de réussir.. ou pas.

Il faudra être plus particulièrement prudent dans certains cas. Ainsi par exemple dans le cas d'une vis à tête fraisée fixant une cellule en aluminium à un châssis en composite à fibres de carbone, il faudra surveiller l'état (aspect, couleur, etc.) de ce dernier, car la chauffe pourrait ramollir sa résine et/ou la fragiliser durablement.

2. La méthode du dégrippant.

Si c'est une forme de corrosion qui bloque en rotation la vis, un peu de patience et de dégrippant, type WD-40 pour ne citer que le plus connu, peuvent faire l'affaire. Pour ce faire, on pulvérise ou on applique du dégrippant sur tous les interstices possibles de l'assemblage et on laisse agir plusieurs heures ou plusieurs jours si possible pour laisser pénétrer le produit par capillarité le plus loin possible avant de tenter le dévissage. Il faut parfois répéter l'opération plusieurs fois.

Si la taille et les matériaux composant cet assemblage de pièces le permettent, il est également possible de le laisser tremper dans un récipient contenant du dégrippant. Il est même imaginable de placer ce récipient dans une pompe à vide pour amortisseurs pour optimiser la pénétration du produit, mais il faut savoir que les vapeurs du dégrippant pourraient détériorer les joints de la pompe.

3. La méthode "américaine".

Dans le cas d'une vis à empreinte six pans creux, si l'empreinte n'est pas trop abimée, on peut essayer, pour la dévisser, d'employer une clé emmanchée de la taille impériale légèrement supérieure. Certaines fois, cela suffit!

4. La méthode de l'embout Torx.

Cette méthode est celle que j'emploie le plus souvent quand l'empreinte de la vis est très émoussée, et est plus particulièrement adaptée aux vis à empreinte six pans creux. Pour se faire, il faut disposer d'embouts Torx, choisir la taille adaptée en fonction de l'empreinte, et, après avoir nettoyer cette dernière à la pâte de nettoyage (cleaning gum) pour enlever le gras et les impuretés éventuels, taper bien dans l'axe avec un maillet l'embout dans l'empreinte de la vis pour qu'il soit prisonnier dans celle-ci. Puis tenter de dévisser la vis par l'intermédiaire de l'embout.

Si l'embout Torx pourra servir pour cette opération plusieurs fois, inutile de dire qu'il souffrira méchamment et qu'il ne sera plus question de l'utiliser pour sa fonction d'origine, au risque d'abimer à son tour des empreintes de vis.

Une variante de cette méthode, également pour les vis à empreinte six pans creux, consiste à utiliser un tournevis plat et à le rentrer en force dans la diagonale de l'empreinte de la tête de vis. Mon expérience a montré que cela marchait très rarement, en tout cas bien moins bien qu'avec un embout Torx...

5. La méthode de la pâte à roder.

Cette méthode connue marche assez bien, à condition que l'empreinte de la vis ne soit pas trop émoussée, car elle repose sur le concept d'augmenter l'adhérence de l'embout de l'outil dans celle-ci.

Pour ce faire, on utilise de la pâte à roder, qui a un coefficient de friction élevé. Il en existe de toutes sortes, et il y en a certainement certaines qui fonctionnent mieux que d'autres pour cette application. On nettoie en premier l'empreinte de la vis à la pâte de nettoyage (cleaning gum) pour enlever le gras et les impuretés. Puis on applique cette pâte sur l'embout de l'outil en quantité raisonnable. Il ne faudrait en effet pas que la pâte fasse obstacle à la pénétration de l'outil dans le fond de l'empreinte de la vis, ce qui serait contre-productif. Ensuite on tente le dévissage.

Cette méthode marche plutôt bien avec les vis sans tête six pans creux, par exemple celles destinées à la fixation du pignon sur l'axe du moteur.

6. La méthode de la bande élastique.

Cette méthode repose sur le même concept que celle utilisant la pâte à roder, à savoir augmenter le coefficient de frottement. Simple, elle fonctionne plutôt bien avec les empreintes cruciformes modérément abimées.

Pour ce faire, on choisit le tournevis le plus adapté à la nouvelle forme de l'empreinte, on étire une bande élastique fine par dessus la tête de vis rendue propre avec de la pâte nettoyante, on insère l'embout du tournevis et on le tourne.

L'opération peut être également tenté avec un ballon de baudruche.

7. La méthode de la colle.

Cette méthode est très diffusée sur les forums et les réseaux sociaux, mais je ne la trouve pas efficace et plutôt risquée. Elle consiste à coller un embout d'outil bien à la verticale dans l'empreinte de la vis à la colle forte (cyanoacrylate ou époxy), après bien sûr avoir nettoyé ladite empreinte à la pâte de nettoyage (cleaning gum) pour enlever gras et autres impuretés. Pour maximiser les chances de réussite, il faut bien laisser le temps à la colle de durcir avant de tenter de desserrer la vis par l'intermédiaire de l'embout collé. Ainsi, même les colles dites à prise instantanée atteignent en réalité leur résistance maximale seulement au bout de 24 heures. Et bien sûr il ne faut surtout pas mettre de colle autre part qu'à l'interface entre embout et empreinte!

8. La méthode du disque à tronçonner.

Cette méthode n'est pas sans risque. En effet, par exemple, une coupe trop profonde ou trop large détériorerait la tête de vis et la fragiliserait dangereusement, ou bien, si on prend le cas particulier d'une vis à tête fraisée immobilisant une cellule à un châssis en composite à base de fibres de carbone, le risque est grand de marquer ou d'abimer irrédiablement ledit châssis.

Pour ce faire, à l'aide d'une mini-perceuse type Dremel équipée d'un disque à tronçonner (si possible diminué en diamètre pour éviter de trop marquer le reste des pièces), on pratique une fente dans la tête de vis abimée, puis on choisit un tournevis dont l'embout dont l'épaisseur et la largeur correspondent au mieux à la fente réalisée et on tente de dévisser ladite vis.

Pour le tronçonnage de la tête, il convient de bien choisir dans quelle direction celui-ci fera le moins de dégâts.

9. La méthode de la "queue de cochon".

Il s'agit de la méthode de la dernière chance. Je ne l'ai pas pratiqué depuis très longtemps, Elle est assez délicate, c'est pourquoi il est préférable, si possible, de la faire faire par quelqu'un qui en a déjà l'expérience. Sinon, il ne faut pas hésiter à faire des expériences à blanc si on doit opérer si un assemblage de pièces rares ou chères.

Il en existe deux types de ce qu'on appelle des extracteurs de goujon ou extracteurs de vis, les extracteurs à cannelure hélicoïdale à gauche et les extracteurs droits.

Les extracteurs droits nécessitent un alésage de la vis à extraire avec un foret, l'extracteur étant inséré en le frappant avec un maillet adapté, afin de ne pas le briser. Vu les tailles de vis généralement employés sur nos autos (M2, M2.5, M3, M4, etc.) et les types d'assemblage rencontrés, il me semble peut probable que les extracteurs droits soient adaptés, mais je me trompe peut-être.

Les extracteurs à cannelure hélicoïdale à gauche, affectueusement surnommés "queue de cochon", se présentent sous la forme d'une sorte de vis conique possédant un pas hélicoïdal à gauche, et nécessite également un alésage de la vis à extraire avec un foret afin de pouvoir insérer l'extracteur, car c'est au moment où il vient en butée et qu'il agrippe, que l'on peut extraire la pièce par dévissage, car cela a pour effet de desserrer la vis quand on visse dans le sens anti-horaire l'extracteur.

Pour cette méthode, il faut préalablement percer la vis bien dans son axe et suffisamment profond, en commençant par un foret de petit diamètre, puis successivement par des de plus grands diamètres, jusqu'à ce que le trou soit suffisamment gros pour y ancrer solidement l'extracteur à cannelure hélicoïdale à gauche tout en gardant assez de matière dans la vis. Percer une vis en aluminium est bien sûr plus facile que de la faire sur une en titane ou en acier, c'est pourquoi, dans tous les cas, les forets doivent être de qualité et bien affûtés.

Une fois le trou percé au bon diamètre, on monte l'extracteur adapté sur un tourne à gauche et on le visse dans le sens antihoraire dans le trou. Une fois l'extracteur bloqué dans la vis, les deux deviennent solidaire en rotation et , si tout se passe bien, en continuant de tourner l'extracteur dans le sens antihoraire, la vis devrait sortir!

10. La méthode du perçage.

Plus risquée, une dernière technique consiste à percer un trou coïncidant avec l'axe de la vis, d'abord avec un foret de petit diamètre, puis avec des forets de diamètres de plus en plus gros, jusqu'à ce que le diamètre extérieur du trou dans la vis affleure avec la pointe du filetage du l'alésage de la pièce dans laquelle la vis est montée. Normalement, à ce moment, la tête de vis s'est détachée ou se détachera très facilement, et le filetage de la vis encore dans le trou pourra être dégagé en le râclant avec une pointe coudée.

Il faut avoir à l'esprit qu'avec cette méthode, le filetage du l'alésage de la pièce dans laquelle la vis était montée, s'il n'a pas été trop abimé, sera affaibli.

11. La méthode du tournevis à frapper.

Comme les extracteurs droits, les tournevis à frapper ne me semblent pas adaptés pour nos applications en automodélisme. Néanmoins, cette liste de méthodes ne seraient pas complètes sans les citer.

Le tournevis à frapper est un outil qui permet de débloquer les vis avant de les dévisser. Il se compose d'un manche sur lequel on peut adapter différents embouts.  En général, on tourne la poignée du tournevis à frapper avant chaque coup vers la gauche (desserrage ou filetage à droite) ou vers la droite (serrage ou filetage à gauche) afin de créer une pré-tension, puis on frappe sur la tête du tournevis à frapper avec un marteau ou un maillet adapté. Un mécanisme interne transforme la force du choc en deux actions combinées, un mouvement de rotation et un plaquage de l'embout sur la vis pour éviter que l'embout ne ripe. Une fois que la vis est débloquée, son dévissage avec un tournevis normal est ainsi beaucoup plus facile.

12. Les embouts Facom OGV® GRIP.

Il existe chez Facom des embouts dénommés "OGV® GRIP" destinés aux vis à empreinte six pans creux. Selon le fabricant, ils offrent une "solution efficace pour l'extraction de vis hexagonales endommagées", car ils "engagent le contact à la fois sur les angles et sur les faces de l'empreinte", le couple exercé engageant la matière et la repousse vers l'extérieur, "ce qui permet à l'outil de tourner en maintenant l'intégrité de la vis". Toujours selon le fabricant, "les embouts OGV® GRIP 6 pans permettent de desserrer des vis hexagonales arrondies jusqu'à 98 % et protègent les vis en bon état". Pour nos utilisations modélistiques, ces embouts existent en 2mm, en 2.5mm, en 3mm et en 4mm. Je n'ai pas eu l'opportunité de voir et encore moins de tester ces embouts, mais sur le papier, la forme de ces embouts semble effectivement fort bien pensée et devrait permettre d'atteindre l'objectif revendiqué.
Merci à Vincent "FAN" pour l'information!

Conclusion.

Aucune de ces méthodes n'est malheureusement parfaite. Les risques de détérioration des pièces assemblées sont souvent présents. Aussi le mieux pour ne pas avoir à les tester est d'appliquer systématiquement les règles énoncées en introduction!

Texte et photos: Georges.