Vintage: Marui Hunter.

Edité le 28/05/2024.
Réactualisé le 28/05/2024.
Texte et photos: Georges.

Introduction.

Tout d'abord, un grand merci à Lonestar qui m'a confié son Marui Hunter le temps d'une séance photo!

Historique.

Fondée en 1965, l'entreprise japonaise Tokyo Marui Co. Ltd (株式会社東京マルイ) est un fabricant de jouet basée dans la ville d'Ayase (綾瀬), à Adachi (足立区), un arrondissement du nord-est de Tokyo.
Marui a longtemps commercialisé des kits de maquettes en plastique, jusque dans les années 1980. Toutefois, vers la fin des années 1970 et à l'instar d'autres marques japonaises comme Nichimo, Fujimi, Hasegawa, Aoshima et Tamiya, Marui a commercialiser des maquettes de voitures au 1/24° motorisées "Racing car Series" avec un moteur électrique FA-130 alimenté par une ou deux piles AA, deux ou quatre roues motrices. Parmi les modèles cles plus icôniques, on peut citer la Mazda Savanna RX-3, une autre version coupé civile plus récente de la Savanna, la BMW 3.5CSL Works Racing Type, la Porsche Carrera RSR Turbo Multi Racing Type, la Lamborghini Countach LP500R, la Toyota Celica LB Turbo Silhouette, la Ferrari 512 Berlinetta Boxer (en jaune ou rouge), la Ferrari 308 GTB, la Lamborghini Jota (en noire ou rouge), la Nissan Fairlady 260 ZG, la Nissan Skyline 2000GT-R et des Formules 1 deux roues motrices comme la Ferrari 312T.

Marui a également commercialisé des autos au 1/24°plus typés compétition avec un châssis moulé étroit, une transmission quatre roues motrices, un moteur Mabuchi RE-280 livré avec trois pignons différents alimenté par quatre piles 1.5V et des carrosseries en polycarbonate transparent thermoformé (Nissan Silvia March 83G, Nissan Fairlady-Z, Lark MCS-V, Iseki Porsche...). De par la transmission 4WD par une monocourroie élastique noire, les poulies moulées en plastique de couleur rouge, ces autos de la série "1/24 Scale Trial Racing Car Series" ne sont pas sans évoquer la Hirobo Ashura, une piste électrique 1/12° 4WD sortie en 1985.
Destinées aux courses à guidage par fil en nylon, il ne manquait à ces autos qu'une épure de direction pour pouvoir être radiocommandées!

Pour revenir aux maquettes motorisées, on trouvait dans la gamme de Marui également à l'échelle 1/18° le Wagon Off-Road Buggy (de couleur rouge), le Off-Road Wagen Buggy et le Wagon Drag Buggy (de couleur verte), tous ces véhicules comportant une figurine et des suspensions avec quatre ressorts.

Ce concept de maquettes motorisées a été également décliné par Marui à d'autres véhicules, militaires par exemple, et à d'autres échelles.

Marui s'est particulièrement intéressé aux catégories R/C à propulsion électrique entre les années 1983 et 1989, commercialisant douze ou treize (selon le point de vue) modèles mythiques.
Ces autos sont souvent comparées par les amateurs de Vintage à celles de Tamiya et Kyosho, qui étaient les principaux concurrents de Marui.

En 1983, Marui commercialise le "Super Wheelie Toyota Land Cruiser" (référence MT58-RC1), puis un second modèle sur la même base technique, le "Super Wheelie CJ-7 Golden Eagle" (référence MT58-RC1).
Ces autos de loisirs à l'échelle 1/10° deux roues motrices propulsion équipées de carrosseries de type "Jeep" découvertes et de figurines de pilote reposaient sur une base technique simple, à savoir un châssis baignoire en plastique injecté, des bras tirés à l'avant et un pont rigide à l'arrière, le tout suspendu par des ressorts hélicoïdaux. Le châssis baignoire offrait deux positions pour la batterie (cinq éléments SC, doit de 6V), une centrale pour une évolution en tout-terrain, et une sur l'arrière au-dessus du pont rigide pour effectuer des roues arrière et autres acrobaties. Ces autos pouvaient être motorisés soir par un moteur aux formats 380 ou 540, et il semblerait que le choix du moteur se faisait par l'importateur.

Puis en 1984 débute la carrière du Hunter (référence MT59-RC3), un tout-terrain 1/10° électrique deux roues motrices objet de cet article sur lequel on reviendra un peu plus tard.

Fin 1984 sort le Big Bear (référence MT59-RC4), un Monster Truck (Grosses Roues) avec une carrosserie de Datsun Pick-up à l'échelle plutôt 1/12° que 1/10°, qui reprenait les bases techniques des "Super Wheelie Toyota Land Cruiser" et "Super Wheelie CJ-7 Golden Eagle". Ce modèle est souvent cité en prcurseur de cette catégorie Monster-Truck.

En 1985 sortent les Galaxy (référence MT60-RC5) et Galaxy RS (référence MT60-RC6) qui reprennent la base technique du Hunter, mais avec un châssis retravaillé, quatre amortisseurs hydrauliques et un arceau-cage en lieu et place de la carrosserie. Le Galaxy est équipé d'un arceau-cage de couleur rouge et d'un moteur Marui 360RS au format 550 et à charbons interchangeables (avec des porte-charbons assez particuliers), tandis que le Galaxy RS est équipé d'un arceau-cage de couleur bleue et d'un plus modeste moteur Mabuchi 540 indémontable. La version à arceau rouge semble avoir vécu moins longtemps que celle à arceau bleu.

La même année voient les deux premiers modèles de Marui subirent quelques changements, notamment pour pouvoir recevoir des batteries de six éléments SC pour faire passer la tension d'alimentation en 7.2V, et en profitèrent pour simplifier leurs noms et changer de référence, MT60-RC7 pour le "CJ-7 Golden Eagle" et MT60-RC8 pour le "Toyota Land Cruiser".

Fin 1985 est sorti le Samurai (référence MT60-RC10), la première incursion de Marui dans le domaine du tout-terrain 1/10° électrique quatre roues motrices. Le Samurai semblait nourrir quelques ambitions en compétition, avec sa transmission par chaîne centrale, une vraie suspension indépendante à double triangulation à l'avant et à bras tirés à l'arrière, associé à trois amortisseurs hydrauliques, un à l'avant et deux à l'arrière.

Présenté d'abord sous le nom MX486i fin 1986, puis commercialisé sous le nom Ninja (référence MT61-RC11) début 1987, ce tout-terrain 1/10° électrique quatre roues motrices opte cette fois-ci pour une carrosserie thermoformée en polycarbonate au design futuriste, mais surtout un chassis baignoire injecté en plastique (avec un logement dans l'axe du châssis pour la batterie accessible par une trappe sous son dessous).

Sur la base technique du Ninja sort début 1988 la Coors Melling Thunderbird (référence MT62-RC12?), célèbre pour sa carrosserie. Ce kit était livré avec deux trains de pneus, un pour la piste (à associer avec des limitateurs de débattement) et un pour le tout-terrain.

Cette même année 1988 a été commercialisé le Shogun (référence MT62-RC13?), un tout-terrain 1/10° électrique quatre roues motrices basé également sur le Ninja, mais équipée du carrosserie plus classique, très élégante.

Le Shogun est le douzième et dernier modèle au 1/10° de Marui.

La façon dont sont référencés les kits Marui est probablement la suivante.
"MT" signifie certainement "Marui Tokyo" car on retrouve ces deux lettres sur tous les produits de la marque nipponne de cette époque.
Les deux chiffres suivants correspondent à l'année impériale japonaise, et plus particulièrement celle correspondant à l'Empereur Shōwa. Il a régné de l'année 1926 (Shōwa 1) jusqu'à sa mort en 1989 (Shōwa 64). L'année impériale japonaise est également employée dans l'administration, par exemple dans la désignation des brevets d'invention (exemple, cette demande de brevet de Yokomo, JPS5717681A , où le S signifie Shōwa, et l'année impériale correspond à 57+25, soit 1982, date de publication de ladite demande de brevet).
"RC" correspond sans aucun doute à la catégorie de produit.
Et le ou les derniers chiffres correspondent à l'ordre chronologique de sortie dans la catégorie de produit.

Il existe également en plus de ceux de cette liste des modèles un peu mystérieux dans l'histoire, voir fantômes, de Marui.

  • Sur un catalogue en allemand de la fin 1983 ou début 1984 (source: Silver Triple designs), on peut déjà voir un buggy tout-terrain deux roues motrices 1/10° électrique dénommé sobrement Racing Buggy et portant la référence MT59-RC-3. Il s'agit probablement du prototype ou d'une présérie du Hunter qui portera plus tard cette référence MT59-RC3, mais avec une carrosserie assez différente, type Baja, moitié carrossée, moitié arceau-cage, et avec un aileron de petites dimensions.

  • Sur la base des "Super Wheelie Toyota Land Cruiser" et "Super Wheelie CJ-7 Golden Eagle" devait également sortir Mitsubishi Jeep. En cherchant, on peut en trouver des photos sur de la documentation publicitaire, et ce sous deux références, MT58-RC5 puis MT60-RC9, ce qui signifie que cette auto aurait dû être commercialisée d'abord en 1983, puis en 1985.

  • Sur cette même base actualisée, un Mitsubishi Pajero a été envisagé entre 1985 et 1986. Il avait été présenté à la presse, probablement lors d'un salon, car des photos avaient circulées, notamment dans au moins des magazines spécialisés, mais il n'a jamais été commercialisé. L'explication qui circule et qui est tout-à-fait vraisemblable est un problème de licence avec Mitsubishi.

  • Dans certains documents publicitaires, on peut voir, toujours sur cette base, des photos d'une Datsun Pick-up sous la référence MT58-RC-4, mais il s'agit probablement d'une pré-série du Big Bear (référence MT59-RC4), qui reprend cette carrosserie, mais associée à de grosses roues.

Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur les ambitions de Marui en compétition, notamment lors des Championnats du Monde Tout-Terrain 1/10° électrique 1985 ä Del Mar, Californie, l'une des seule sources est l'article hors-ligne "The RC cars of Tokyo Marui" du site Dirt-Burners. com (retrouvé sur Archive.org).

Vers 1988, Marui a distribué des versions FD ("Fast Drive") au 1/14°, plus proches du monde du jouet que du modélisme, de quelques-uns de ces modèles (Ninja, Shogun), à l'instar qu'a fait également Tamiya avec sa série QD ("Quick Drive"), mais également Kyosho.

A la même époque, Marui a également décliné une partie de sa gamme 1/10° (Shogun, Samurai, Ninja, Hunter), de celle de Yokomo (Super Dog Fighter), de Hirobo (Alien Mid 4) et de Kyosho (Optima Mid, Turbo Optima, Turbo Optima Mid, Rocky, Turbo Rocky, Shadow) au 1/32° 4WD non radiocommandé.

En 1991, Marui a sorti des autos radiocommandées au 1/40°, un exploit à l'époque, dont une Ferrari F40

Autour des années 2000, Marui a proposé des tanks R/C, au 1/24° notamment.

Vers 2003, Marui a proposé des autos R/C au 1/24 livrées avec des carrosseries détaillées (Morris Mini Cooper 1300S, Honda S800, Fiat Abarth 695SS, Toyota Sports 800, Alpine A110 1600S).

On trouve encore d'occasion sous la marque Marui des motos à propulsion électrique au 1/5° livrées prémontées et livrées avec une radiocommande à quartz à la forme étrange. Probablement un rabadgeage, mais dont la date est incertaine. Marui a également effectué des incursions dans le domaine du modélisme ferroviaire.

A l'heure actuelle, Marui est surtout connu pour ses répliques d’armes utilisées dans le domaine de l'Airsoft.

Présentation du Marui Hunter.

Comme écrit précédemment, le Hunter est le troisième modèle de la gamme RC de Marui. Ce tout-terrain 1/10° électrique deux roues motrices a connue deux générations. En effet, le Galaxy reprenait le châssis baignoire en plastique injecté (probablement de l'ABS) du Hunter, mais avec quelques petites modifications au niveau du moule. Le moule du châssis ainsi modifié a donc été par la suite pour fabriquer des châssis de Hunter (qualifié de V2) et de Galaxy.

Le train avant du Hunter comporte une suspension à double triangulation plutôt originale. Les triangles inférieurs sont ancrés directement au châssis baignoire, tandis que les triangles supérieurs le sont sur un berceau rapporté sur le châssis baignoire et forment des basculeurs pour les amortisseurs, qui combinent ressort hélicoïdal et système à friction (même si la notice indique de mettre de la graisse pour un toucher plus gras). Les amortisseurs sont logés dans ce berceau, cachés sous la carrosserie. De plus petits ressorts sont logés au niveau des axes sur lesquels sont pivotés les porte-fusées de direction, ce qui procure deux étages de suspension. La variation du carrossage du train avant à l'enfoncement est plutôt étrange...

La suspension arrière n'est par contre pas à double triangulation, et on y trouve deux épais triangles dont l'axe de pivotement côté châssis est assuré par deux ténons venus de forme avec les triangles. Alors que la triangulation est asset simple, la suspension arrière est par contre beaucoup plus torturée, puisqu'elle repose sur un amortisseur hydraulique unique relié par système de biellettes et basculeurs de renvoi.

Toutes ces pièces de suspension avant et arrière sont majoritairement moulées en plastique, et, alors que la conception d'origine les fragilisaient déjà à la base et que la matière plastique vieillit et devient plus cassante, elles s'avèrent très fragiles.

Le différentiel est à pignons et est étrangement guidé dans le carter de transmission. L'étage intermédiaire tourne directement, sans paliers ni roulements à billes, sur un axe de diamètre ridicule, mais qui est bloqué en rotation. Usure prématurée assurée! Le support moteur, à installer en hauteur au-dessus du train arrière, est formé d'une plaque coudée métallique et permet de monter différentes tailles de pignon et de régler l'entredent finement. Comparé au reste de la transmission, les cardans articulés ont l'air plus généreusement dimensionnés.

La conception générale est assez surprenante, même en considérant l'époque et la recherche de réduction des coûts. Tout cela donne une impression (justifiée) d'une grande fragilité.

Les jantes avant se montent en deux parties, et les arrières en trois, ce qui permet de s'affranchir du collage des pneus. Ces derniers ont l'air de très bonne facture et adapté pour l'usage qui leur était destiné. Ils ont d'ailleurs plutôt bien vieillis. Ils sont d'ailleurs siglés Goodyear.

Pourtant, tous ces défauts de conception technique laissent place, la nostalgie aidant, à admirer le soin qui a été apporté à l'esthétique de cette auto.

Ainsi, les suspensions cachés sous une carrosserie au look ravageur avec ces projecteurs rapportés donne au Hunter une allure incroyable. Les biellettes de la suspension arrière sont moulées en forme d'amortisseurs.

Le Hunter comporte un arceau intérieur, une figurine de pilote en trois partie et un petit parechoc arrière.

L'esthétique de chaque pièce semble avoir été travaillée. Le châssis baignoire comporte ainsi des rainures et des structures, tout comme les triangles et surtout le carter de transmission, de sorte à renforcer le réalisme.

La notice du Hunter (source: Retromodélisme.com), très similaire à ce que faisait aussi Tamiya, est de très bonne qualité, avec des instructions détaillées, des recommandations plutôt judicieuses (et des mauvaises idées aussi, comme faire un noeud sur l'extrémité du fil d'antenne après l'avoir introduite dans le tube) et des recommandations de sécurité.

Moyennant un peu de préparation (voir les différents liens ci-dessous), le Marui Hunter pouvait s'aventurer en compétition.
La préparation consistait le plus souvent en premier lieu à remplacer les bagues en bronze par des roulements à billes et la suppression du couvercle protégeant le récepteur ainsi que de la figurine de pilote.
On pouvait aussi voir un travail sur l'implantation de la radiocommande, les suspensions et l'épure de direction.
Certains pilotes ajoutaient un amortisseur hydraulique à l'avant, remplaçaient le capot en plastique de la transmission par un thermoformé en polycarbonate, se confectionnaient des basculeurs en composite fibres de verre et époxy pour remplacer ceux d'origine en plastique, et ajoutaient des barres antiroulis.

Marui est, dans le domaine du Tout-Terrain électrique, une marque dont l'impact est souvent sous-estimée. En effet, si elle n'a pas forcément brillé en compétition ou révolutionné d'un point de vue technique la catégorie, elle a su se montrer pionnière sur plusieurs tendances et a marqué les esprits par une esthétique très léchée de ses produits. Et le Hunter est un de ces produits marquants.

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Texte et photos: Georges.