Vintage: Corally SPII (1988),
première partie.

Edité le 28/12/2017.
Réactualisé le 03/01/2018.
Texte et photos: Georges.

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Tout d'abord, un grand merci à Ito qui m'a confié cette auto!

Introduction.

D'après les informations disponibles, la version 2 de la Corally SP avait été présentée lors du quatrième Grand Prix du France à Créteil en 1987, qu'elle gagnera d'ailleurs, et sa commercialisation a du suivre à la toute fin de l'année 1987 (d'autres sites datent la SPII de 1988). Dans le doute, l'année 1988 sera retenue, car il s'agissait peut-être de prototype ou d'exemplaire de présérie.

Par rapport à la SP, la SPII voit la découpe de son châssis modifiée en raison d'un changement important au niveau de la suspension arrière. En effet, le té n'est plus dans le plan du châssis, mais se situe maintenant sensiblement au-dessus. Le train avant évolue également plus qu'il n'y paraît, puisque les articulations reposant sur des joints toriques laissent place à des articulations à goupille, sans être toutefois de véritables rotules. Une platine supérieure prolonge le support des colonnettes de carrosserie arrière, probablement pour faciliter l'installation de l'électronique, et plus particulièrement celle du prototype du variateur électronique Corally MMS, très performant pour l'époque (basé sur des composants Philips Electronics autorisant une fréquence de fonctionnement de 2500Hz en marche avant et de 5000Hz au freinage, contre 50 à 60Hz pour une majorité des variateurs de l'époque, ainsi qu'une limitation de courant automatique pour éviter de gâcher de précieux électrons), mais quelque peu encombrant (de dimensions proches d'une carte de crédit) et quelque peu capricieux à ses débuts. Ce variateur sortira en version commercial en février 1989.

La Corally SP, sortie en 1987, était déjà une évolution profonde de la PK Corally sortie en 1986. La SPII sera remplacée en 1989 par son évolution, la SP12, qui sera la dernière de la lignée. Suivront en effet, en 1991, la SP12G, la première de la série "G", série qui abandonnera le châssis en aluminium.

Lors du Championnat d'Europe piste 1/12° électrique en 1988, une Corally SPII monta sur le podium. Corally plaçait beaucoup d'espoirs dans cette auto pour décrocher un podium au Championnat du Monde piste 1/12° électrique en 1988, mais ce ne fut pas le cas, et une nouvelle fois Masami Hirosaka était intouchable. Corally plaça toutefois trois autos en finale A. Malgré ces espoirs déçus, la SPII remportera de nombreux titres nationaux et un grand succès d'estime en raison de sa qualité de fabrication et des solutions novatrices employées.

Le châssis.

La pièce maîtresse de la Corally SPII est un châssis découpé dans un alliage d'aluminium dénommé "Coral" dont la composition n'était pas dévoilée à l'époque, mais annoncé comme de qualité aéronautique. Beaucoup pensent que c'est la nom de cet alliage qui a donné le nom à cette marque batave, mais il semblerait que ce soit en réalité le contraire.

Toujours est-il que ce châssis, malgré la finesse de ses découpe, se montre relativement rigide. Toutefois, il ne restait pas à l'abris d'une déformation en cas de gros choc, et un éventuel redressage s'avérait périlleux.

Heureusement, celui de cette SPII est relativement plat. Pourtant, comme le montre la photo ci-contre, celui-ci a bien servi. La question s'est posé de savoir s'il ne fallait pas polir sa surface inférieure pour lui redonner l'aspect du neuf. J'y ai renoncé, car si un polissage aurait permis de faire disparaître au moins partiellement les rayures, cela aurait aussi enlevé cet aspect légèrement satiné si caractéristique de ce châssis au risque d'obtenir un poli miroir détestable.

Globalement, j'ai pris le parti de restaurer cette Corally non pas comme si elle devait être une auto de vitrine, mais comme si elle devait rouler encore une fois en compétition. Les puristes remarqueront un anachronisme sur l'auto de cet article, à savoir l'emploi de visserie Torx, d'origine Corally autant que possible. Corally a commencé à vendre des kits avec de la visserie Torx à partir de la SP12, et a commencé à faire partie de l'ADN de la marque. Auparavant, ils étaient livrés avec de la visserie à tête fendue en aluminium, qui a mal vieilli et qu'il était trop risqué de réemployer. Le propriétaire original de cet auto avait déjà monté des vis Torx à certains endroits stratégiques. Je n'ai donc fait que poursuivre cette logique.

Le té de la suspension arrière.

La suspension arrière, comme celle avant également, est articulée grâce à, non pas des rotules, mais des pivots à goupille.

A l'arrière, ces pivots sont fixées au té en fibres de carbone par un circlips.

Ces pivots doivent dont être montées alignées dans le bon sens, au risque de brider notablement la suspension.

Cette articulation autorise un débattement angulaire dans un plan perpendiculaire à l'axe de la goupille bien plus important que dans le plan parallèle à cette dernière.

La goupille sera donc montée alignée avec l'axe du châssis.

Le pod moteur.

Le pod moteur est l'une des caractéristiques notables des productions Corally en piste 1/12° électrique.

Le support moteur et le palier droit sont reliés entre eux par un tube oblong collé, ce qui assure une très bonne rigidité.

Le tube oblong est en aluminium de couleur naturelle, juste marqué "Corally" en rouge, et le support moteur et le palier droit sont en aluminium anodisé de couleur rouge. Cette couleur rouge issue des origines de Corally pour ces pièces sera utilisée également pour les modèles suivants, jusqu'à la SP12G3. A partir de ce modèle, ces pièces seront anodisées couleur noire, et ce jusqu'en 2006, avec la SP12X.

Le tube oblong peut présenter des arêtes trop vives. Si tel est le cas, il convient de les arrondir un peu, sinon les inserts supportant les roulements de l'axe arrière risquent de casser.

Il convient aussi de vérifier que la colle n'est pas débordé, auquel cas il faudra en gratter l'excédent pour que les inserts soient montés correctement et bien à plat sur le tube oblong.

La couronne.

Les couronnes Corally sont au module 0.5, proche du 48DP, mais rigoureusement incompatible.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser les photos ci-contre, il n'y a pas deux diamètres différents de billes. Ces dernières, au nombre de 12, sont en réalité insérées dans des cônes disposés en alternance.

C'est bien vu, car cela permet de placer plus de billes sur un même diamètre tout en maximisant la matière entre lesdites billes.

La couronne, haut-de-gamme oblige, tourne sur roulement à billes.

La butée à billes.

La butée à billes est de grand diamètre, et ses rondelles ont un diamètre à peine inférieur à celles de la couronne.

La butée à billes est logée dans le flasque droit.

Les rondelles du différentiel et de la butée à billes ont été poncées en spiral au papier de 1000, afin d'obtenir des micro-rayures sur celles-ci et de donner une certaine rugosité à la piste des billes. On obtient ainsi un différentiel qui glissera moins pour un serrage identique.

L'axe de différentiel.

L'axe de différentiel n'est pas aux dimensions impériales, mais fait comme de tradition chez Corally 7.00mm de diamètre.

Un filetage et une rainure ont été pratiqués dans le carbone de l'axe.

Dans le différentiel Corally, les rondelles reposent sur des o-ring, ce qui assurait un fonctionnement très doux et très fiables, à condition bien sûr que les dits o-ring soient maintenus secs et surtout sans graisse.

Le flasque droit tourne sur roulement à billes et comporte également un logement pour un o-ring.

Le différentiel est très bien conçu et fonctionne remarquablement bien. Le réglage est facile et demande juste à enlever la roue arrière droite.

Les inserts de garde au sol.

La garde au sol est réglée en changeant ces inserts, au nombre de trois, qui offrent dont au total cinq positions.

La suspension arrière.

La suspension arrière est assurée par un té en fibres de carbone.

La raideur de la suspension arrière est réglable en insérant des rondelles sous le té.

La configuration en photo ci-contre, avec une seule rondelle à l'extrémité terminale avant du té offre la configuration la plus souple, la plus proche des pistes 1/12° électriques plus récentes.

Le train avant.

Le train avant est basé sur deux triangles en Coral, relié au châssis par deux pivots à goupille.

Comme pour le té arrière, les pivots doivent dont être montées alignées dans l'axe du châssis, au risque de brider notablement la suspension. Ils sont maintenus par des joints toriques.

A quoi pouvaient bien servir les deux trous restants présents dans chaque triangle? La réponse probable a été trouvé sur un site japonais, ビートル日記. Il devait exister des pièces de formes diverses permettant de relier les demi-trains avant et d'en modifier le comportement.

La suspension est assurée sur chaque demi-trains avant par un ressort réglable en compression associé à un soufflet (qui accuse le poids des ans malheureusement) coulissant autour d'une vis décolletée relié au châssis.

Les triangles de cette auto sont déformés. Je n'ai pas réussi à trouver de solutions satisfaisantes pour les redresser proprement, et comme la déformation était symétrique entre les deux demi-trains et raisonnable, ce n'est pas trop grave.

Les vis décolletées ne sont pas immobilisées dans le châssis, bien au contraire.

Les butées peuvent être également ajustées en insérant des rondelles ou des o-rings sur les vis décolletées.

Le servo de direction n'est pas destiné à être monté directement à même le châssis, mais partiellement au-dessus des triangles à l'aide de colonnettes en aluminium, dont une est d'un seul tenant avec un des pivots à goupille.

Les porte-fusées, comme les roues avant, sont maintenus sur leur axe de pivotement par un o-ring. Ce dernier comporte une excroissance pour pouvoir le retirer plus facilement. Ce modèle de o-ring ne doit pas être d'origine, car à l'époque, il s'agissait de joints toriques normaux, auxquels les pilotes ajoutaient souvent une boucle en fil pour en faciliter le retrait.

Les porte-fusées ne sont pas in-line (l'axe de la roue ne croise pas l'axe d'articulation de la fusée).

Tringlerie de direction.

Une des caractéristiques typiquement Corally est la tringlerie de direction à point d'articulation unique sur le sauve-servo. Le système de direction à point central est censé offrir une géométrie Ackermann idéale durant les déplacements de la direction, c'est-à-dire que la roue intérieure a toujours l'angle idéal pour obtenir une direction neutre pour une meilleure vitesse de passage en virage. 

Les chapes et rotules Corally sont assez particulières.

En effet, il n'y a pas de biellette à pas inversé.

Le pincement se règle en dévissant la vis six pans creux dans la chape. Un peu déroutant au début, ce système se révèle agréable et fiable à l'usage.

Le système de fixation de carrosserie.

Les plots de carrosserie Corally sont réglables en hauteur finement, car ils reposent sur un système vis-écrou.

La barre antiroulis avant.

Comme plusieurs pistes 1/12° électriques de cette période (par exemple la Schumacher SPC), les deux demi-trains avant sont reliés par une barre antiroulis en corde-à-piano d'un diamètre de 1.9mm.

La barre antiroulis est fixée à chaque triangle par une petite pièce bloquée par un joint torique.

Cette fixation, bien que simple, est rationnelle et plus mécanique que d'autres solutions employées par la concurrence.

Les bacs d'accus.

Les accus (six éléments SC 1.2V au Nickel-Cadmium, format 2x3) reposaient dans des bacs en plastique spécifiques qui permettaient de les isoler du châssis en aluminium.

Corally conseillait dans sa notice de coller les accus dans ces bacs, ce qui impliquait donc d'acheter deux bacs pour chaque accus. Bien évidemment, personne ne le faisait, et il y avait deux écoles: soit fixer les accus avec du scotch toilé de faible largeur, soit installer des attaches rapides d'origine Schumacher.

On le voit sur la photo ci-contre, les pattes du châssis en aluminium se prolongeant sous les accus ont été raccourcies pour gagner un peu de poids, une modification souvent effectuée à l'époque.

La platine supérieure.

La platine supérieure est assez imposante au niveau de sa partie centrale pour faciliter l'installation de l'électronique. Deux oreilles internes ont été pratiquées pour le passage des fils.

L'amortisseur arrière.

L'amortisseur arrière à graisse offre un système identique sur le principe à la concurrence (Team Associated, Trinity, Yokomo...), mais sous soufflets étanches. Les mouvements du train arrière sont donc freinés par l'adhésion du film de graisse (du "damper syrup", une sorte de gel de silicone) de la plaque solidaire du train arrière aux deux rondelles solidaires du châssis. 

Les soufflets en caoutchouc d'origine ont malheureusement subi les affres du temps. La graisse présente a fait gonfler le caoutchouc de 30% environ.

Les soufflets, bien qu'intègres, sont maintenant trop grands et seront remplacés par de nouveaux.

Le système de suspension Corally a apparemment fait l'objet d'une demande de brevet, comme l'indique l'inscription "Patent App." gravée sur la plaque solidaire du train arrière.

Plateaux et ressorts sont logés dans les soufflets.

Le fameux damper syrup Corally, on n'a pas fait mieux depuis...

...et qu'on appliquera judicieusement sur les zones de friction inférieures...

et supérieures.

L'ensemble est fermé par la base du support d'antenne, qui a ici été remplacé par une version aluminium en option, celle d'origine étant cassée.

Les roues.

Les jantes Corally sont d'un format spécifique, incompatible avec le format américain. C'est la contrepartie du démontage rapide à l'avant...

... et du guidage soigné des jantes arrières.

Les inscriptions dorées sur fond noir des autocollants des jantes sont du plus bel effet.

Après quelques heures de travail, voici le résultat.

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Texte et photos: Georges.