Vintage: Tamiya The Fox (1986).

Edité le 04/04/2012.
Réactualisé le 06/04/2012.
Texte: Lonestar.
Photos: Lonestar & Georges.

Le but de ce petit article sans prétention est de vous présenter la remise en route d'une mamie de l'âge d'or de la RC électrique, le Tamiya The Fox, 51ème modèle de la lignée des tutures RC de la marque aux deux étoiles. Si vous faisiez de la RC en 1986, vous savez sûrement de quelle voiture on parle à moins que vous ne pratiquiez notre beau hobby sur Mars – si vous ne faisiez pas de RC à ce moment, vous aviez tort, car comme le dit si bien l'adage bien connu qui dit «c'était quand même vachement mieux avant». Voyons voir si ce tel aphorisme concerne notre renard électrique!

Le Fox (kit # 58051) ne bénéficie pas d'une "aura" spectaculaire dans l'historique Tamiya. Sorti en 1986, c'est cependant une des premières voitures "modernes" de la marque. On peut même dire que le Fox était probablement un des premiers véhicules Tamiya avec des prétentions en termes de performances sur la piste. Jusqu'au Fox, les 4x2 Tamiya étaient soit des briques semi-maquette en metal (série des SRB), puis des briques en plastique (Frog/Brat et les dérivés à grosses roues) ou des machins d'entrée de gamme en plastique, certes jolis, particulièrement robustes et abordables par le débutant, mais ridicules sur la piste (Grasshopper/Hornet, Wild One). A son lancement, le Fox fut présenté comme un sérieux rival du RC10 avec sa double triangulation avant/arrière, ses cardans en métal, et surtout des amortisseurs devenus mythiques depuis. Mais si, mais si, vous savez, les fameux CVA en plastique jaune, les premiers amortisseurs à "gros" (pour l'époque!) volume constant disponibles sur le marché, et qui équipèrent une myriade de véhicules depuis; on les trouve d'ailleurs encore sous des formes à peine modifiées sur d'autres voitures tamiya en production, des 4x4 performants (ou presque, le DB01), aux véhicules de loisir pur (les M-chassis). Ce fut le Fox qui les utilisa le premier, et la presse etait dithyrambique quant à leur conception et fonctionnement à l'époque... Plus sur le sujet ci-après.

Par contre, grosse déception, le Fox a un monoshock avant, et Tamiya ne jugea à l'époque pas nécessaire de fournir de barre anti-roulis de série. Il fallait l'acheter en option, c'est du Tamiya, faut pas espérer avoir des kits bien équipes de séie, quand même! On rappelle qu'un monoshock sans barre anti-roulis, c'est comme un baiser sans moustache, en gros, ça le fait pas du tout. La suspension avant du Fox oscille ainsi à qui mieux mieux. D'un autre côté, quand on voit comment l'implémentation a été réalisée sur le Boomerang (4x4 à monoshock avant de la marque avec BAR et supports en chamallow de second choix), on se dit que, ma foi, on fera sans B.A.R. Une des autres particularités du Fox, qui sera d'ailleurs rédhibitoire en competition, c'est sa boîte radio pseudo-étanche. Tout est à l'intérieur d'un caisson, la partie intérieure représentant tout le châssis, la supérieure étant le "couvercle", fermé par une douzaine (!) de vis auto-taraudeuses. Tout en est dépendant et solidarisé par maints vis z'et boulons, le bloc de transmission, le châssis inférieur, le parechoc, les arceaux de maintien de la batterie, la radio y est enfermée (encore heureux), tout! Le servo de direction y est également coincé, derrière deux cloisons et donc un empilage de sauve-servos à rallonges, déjà qu'ils sont mous et pleins de jeu... Des "joints" en caoutchouc, depuis longtemps disparus sur mon exemplaire, achèvent d'en assurer l' "étanchéité". En d'autres termes, un veritable cauchemar pour l'entretien et les interventions rapides, critiques entre deux manches de course.

Pour la transmission, rien de très révolutionnaire, une cascade de pignons à gros modules et un diff à pignons, au moins c'est robuste, mais tout le bloc arriere est full plastique, donc gros moteurs interdits pour cause d'absence totale de dissipation de chaleur autrement que par le moteur lui-même. Les cardans étaient censés être au top avec des empreintes hexagonales côté châssis comme côté roue, et des soufflets aux deux extrémités (disparus sur ma machine). Ayant eu à l'époque un Monster Beetle utilisant le même systeme, je garde d'affreux souvenirs d'avoir passé tout mon argent de poche d'adolescent ou presque à acheter des cardans, dont l'hexagone s'arrondissait bien trop vite pour mon portefeuille...

N'en jetez plus, la coupe est pleine, la carrière "compétition" du Fox était mort-née pour des raisons évidentes de manque de praticité. En gros, le Fox, c'est un Hotshot deux roues motrices, intéressant sur le papier, inutilisable en course autre qu'avec les copains sur le parking en bas de l'immeuble (et encore).

Heureusement comme toujours chez Tamiya, le look est TRES soigné. On a une carro de Dune Racer assez classique, d'inspiration Funco, avec une ligne avant très basse (merci le monoshock, à se demander si ce n'est pas exprès), un planche de décals qui subliment la moindre peinture monochromatique, et des jantes dorées dans le plus pur style Supershot, tellement belles, mais tellement fragiles et tellement chères sur le marché en 2012 également... L'aileron est tout rikiki, directement monté sur la carrosserie par deux vis, bonjour la fiabilité. Finalement, c'est un vrai produit Tamiya, différent, beau, disfonctionnel et peu performant juste comme on l'aime!

Ce modèle a été racheté a un des admins d'un gros forum RC francophone, initialement vintage, mais aujourd'hui plutôt généraliste («c'était quand même vachement mieux avant!», zut je l'avais déjà dit?). Le monsieur, vendeur fiable et au demeurant collectionneur éclairé, liquidait sa collection, et offrait un Fox runner pour un prix raisonnable. L'occasion faisant le larron, je me suis laissé tenter par l'aventure. Comme pour tout ado fana de RC dans les 80's, le Fox représente un des modèles désirables de Tamiya grâce à un marketing efficace, mais malgré tout a toujours eu sur le marché du vintage une réputation quelconque; c'était dont la parfaite opportunité de me faire ma propre opinion. Quelques e-mails et un voyage à la poste plus tard, je me suis retrouvé avec un Fox ayant déjà pas mal roulé mais cosmétiquement sain, et de toute évidence avec une carrosserie et ses autocollants neufs, la boîte et notice d'origine, et quelque chose dont je ne me rappelais pas comme étant compris dans le lot, une radio Hitec Challenger 250 à manches en 27MHz d'époque, installée, et dont la version à volant a déjà vue sur un runner vintage précédent, le Boomerang (en lien ici). Plus que runner, mon Fox m'a donc carrément été livre prêt à rouler, ne restait qu'à y mettre un accu.

Les suspensions paraissent avoir besoin d'un peu de travail par contre, ça a l'air de coller dans tous les sens, on verra ulterieurement. Sitôt dit, je cable les fils de puissance en prise "type" Deans (mon standard depuis quelques années dans toute mon écurie de runners), et je glisse un stick lipo dans le compartiment de batterie. Déjà, le stick rentre en ne forcant que peu, c'est une bonne chose car ce n'est pas gagné à tous les coups. On branche tout ce fatras - ça "fonctionne" mais c'est inutilisable, le variateur mécanique ayant de toute évidence au moins une piste brûlée, car il y a des grosses zones sans courant quand on actionne les gaz. Bon, pas grave me dis-je, j'ai assez de varios électroniques vintage pour y remédier, et en plus de ça, ça economisera la transmission. Donc je fouille dans ma caisse à varios, et je sors un Novak 4 justement pas très beau car déjà rafistolé et au boîtier bombé, parfait donc pour être dans un compartiment fermé qui le rendra invisible (et inaccessible...).

Je le recable amoureusement avec des Deans, opération toujours un peu délicate sur des varios vintage avec du fil de 14 voire 16GA, parfois pas propre du tout. Un montage " à blanc" avec uniquement les gaz connectés sur le récepteur Hitec, ça a l'air de pouvoir fonctionner. Je règle donc le potard du neutre, celui de plein gaz, évidemment c'est loin d'être évident une fois qu'on a pris l'habitude des "one-touch setup", il faut jouer avec les inversions de sens de commande, choisir entre la position 70/30 et 50/50, en gros, c'est un beau petchi (expression vaudoise), mais après une bonne heure tout est au poil...

En tout cas le crois-je. Je rebranche le servo de direction, je referme péniblement le Tupperware radio et sa douzaine de vis, dont une est remplacée par du M3 car le filetage est foiré. Il est 23h30, mi-décembre, il fait moins deux degrés dehors, je sors devant la maison avec ma chapka en fourrure et mon trench bleu roi, je branche tout, et là, rien, que dalle, ça bouge à peine aux gaz, et la direction refuse purement et simplement de fonctionner. Caramba. Il faudra donc attendre encore un peu, après les festivités du 25 décembre et son lot de dinde aux hormones, bûche à la gélatine animale vectrice d'encéphalite spongiforme bovine, et vin pétillant qui fait mal aux cheveux (ou peut-être est-ce la gélatine de la bûche, finalement), pour revoir tout ça...

La séance suivante dans l'atelier consistera à longuement treubeulchouter tout ce bastringue... Le servo de direction fonctionne en solo depuis un autre récepteur, le vario fonctionne en solo depuis un autre récepteur, l'émetteur fonctionne avec un autre récepteur, conclusion me dis-je, le brave recepteur Hitec est HS... Bah, pas grave, de toute facon je ne sais pas rouler avec des manches, donc je fouille mon stock pour trouver une radio à volant et un récepteur qui méritent de figurer sur ce Fox. Je jette mon devolu sur une Kyosho Pulsar, toute neuve sortie de boîte ou presque, et son récepteur, le tout en 27Mhz. Cette radio est bien accordée au Fox je trouve, le design est très particulier comme celui de la voiture, base sur le look et l'ergonomie que j'apprécie déjà car c'est une autre Pulsar qui commande mon BajaBug Ultima Runner.

Seul souci, un affreux doute sur les polarités du récepteur, standard S/+/- ou type Sanwa/KO d'avant les Z-connectors? J'essaie donc le vario en standard, et ça a l'air de fonctionner, youpi! Donc je rebranche vario, servo de direction, je passe un quart d'heure à refermer cette satanée boîte radio en respectant le cheminement de la pelote de fils qui doit sortir, et hop, direction le chemin devant la maison pour essayer!

Et là, rebelote, ça ne fonctionne pas mieux que la première fois... J'en perds un peu mon latin. Il me faudra quelques heures d'enquêtes et pas mal de test de combinaisons différentes dans mon atelier pour m'apercevoir que le fautif est le Novak 4, qui fonctionne en solo (donc seulement lorsque le canal 2 est branché) mais qui, dès qu'il est associe à un servo de direction quelconque, et ce quel que soit le récepteur essayé, annihile purement et simplement tout signal de direction et en plus ne fonctionne plus correctement! Je n'avais jamais vu ça. Donc, retour à l'atelier pour identifier un candidat à la succession du 4; c'est un Novak T-4 (version TempFet du 4, au moins on reste dans le même registre) qui prendra sa place, après re-recâblage, re-réouverture de la boîte radio, re-refermeture gnagnagna et tout le toutim. Le T-4 tient au final avec du scotch, car les filetages des quatre vis parker sont tous foirés (les joies du vintage). Finalement, la boîte radio étanche qui cache tout, c'est pas si mal...

Entre deux averses (ma foi, le compartiment radio est censé être étanche, autant en profiter!) on ressort pour un test, et là, miracle, ça fonctionne!!! Six mètres, après, perte radio, tout s'arrête, et accessoirement en marchant pour récupérer la voiture, nous nous apercevons (j'étais avec un pote RCeur pas spécialement venu pour l'occasion, mais presque) que la voiture est posée sur le châssis à l'avant. Coupable, le triangle avant gauche, cassé, qui avait semble-t-il déjà été recollé à l'endroit où le monoshock se monte; pas vraiment une surprise, c'est LE mal commun aux Fox. Non seulement ce monoshock avant est nul sur la piste, mais en plus, c'est tout sauf fiable, il y a un bras de levier complètement indécent qui met les triangles en contrainte inacceptable. Dans un premier temps, une fois n'est pas coutume, il s'agit d'enfin solutionner ces problèmes radios.

On recommence à procéder par élimination, je vous épargne le processus déductif complet, mais après pas mal de combinatoire, le coupable est identifié, c'est cette fois le récepteur de la Pulsar qui pèche. Je l'ouvre en espérant n'avoir qu'à changer/ressouder l'antenne, mais, surprise, tout a l'air bien, rien ne pendouille, ni d'ailleurs sur la PCB. Un petit coup de multimètre me confirme que l'antenne n'est pas la coupable, pas de rupture dans la gaine, dommage, c'aurait été fastoche. Le quartz fonctionne sur une autre radio, il ne reste plus grand'chose à faire d'autre que de changer de récepteur... et devinez kiki va vivre une rédemption inattendue, vous avez trouvé, le récepteur Hitec! Les premiers tests montrent que la partie électronique fonctionne proprement, à une distance de plus de dix mètres, la grande classe. Je monte une gaine d'antenne, un petit coup de vernis pour l'immobiliser dans son logement trop grand, car l'installation initalement prévue nécessitait une antenne "rigide" Tamiya, malheureusement non livrée avec mon achat, un petit coup d'alésoir pour sortir la carro, et hop, je coche la case "électronique".

Reste à solutionner l'histoire de la triangulation cassée, surtout qu'une rapide inspection montre que l'autre triangle a l'air déjà abimé au même endroit; soit il est fissuré, soit il a déjà été rafistolé, les chances sont telles qu'il ne tiendra bien longtemps. Je claque un mail au vendeur en lui signifiant mon desarroi et lui demandant s'il n'aurait pas des pièces idoines, mais malheureusement il n'a pas ça en stock. Par contre, il me rembourse très élégamment l'integralité de la somme, ce qui me gêne un peu, j'aurais simplement préféré des triangles, c'est un peu génant d'avoir un Fox, certes cassé, mais gratos. Donc je me mets en quête de triangles avant... et là, le grand vide, rien, que dalle, que pouic, même un kit Evo4 pour le 85TR semble être plus rare que des triangles avant inférieurs de Fox. Pour info j'ai quand même trouve une vieille vente d'Ebay où la grappe complete (inférieurs et supérieurs) s'est vendue $70.

Et là, tilt, je me rappelle mon RedFox, un Fox tout kité Hot Trick que j'avais il y a quelques années et que j'ai fait l'énoooooorme erreur de vendre une misère avant le rush vintage. Mais j'avais gardé quelques pièces dans une boîte. Quelques poussièreuses heures et éternuments plus tard, je sors... un triangle avant de Fox tout neuf ! Quelle chance, c'est le gauche, va falloir faire gaffe à pas casser le droit maintenant! On rembourse quasiment intégralement l'intègre vendeur (nous sommes entre gens de bonne compagnie, très cher), et hop, on remonte la magnifique pièce sur la voiture. Comme la boîte radio, c'est d'une complexité désespérante, avec moultes inserts en métal, vis de 1.5mm qui tiennent des plaques qui tiennent des rotules qui tiennent des fusées pleines de jeu, un cauchemar largement inspiré du HotShot, pseudo-summum de la gamme 4x4 chez Tamiya à l'époque.

Pire que ça, après remontage, et malgré quelques coups de lime bien sentis, la suspension avant frotte comme ce n'est pas permis. Apres un moment à chercher le coupable, c'est la barre anti-rapprochement CRP qui est mal faite, l'entraxe n'est pas le bon et elle bride la suspension, donc je dégaine la Dremel car ça commence à bien faire, ce projet sensé être "rapide". Quelques voletants copeaux de Kydex plus tard, les triangles tombent enfin de leur propre poids, et le jeu naturel aux productions Tamiya est de retrour, toujours aussi choquant, mais au moins ça ne bride plus.

Au point où j'en suis, autant s'occuper des amortisseurs, histoire d'en faire quelque chose de décent. En statique, ça colle, à se demander si les joints n'ont pas carrement triplé de volume et si les pistons ont été ébavurés. On démonte le tout, effectivement les pistons sont pleins de bavures, les corps ont des dépôts noiratres disgracieux - les joints des cartouches, eux, ne sont pas gonflés, mais durs comme du caillou. Ha tiens, une des membranes est clairement d'une autre marque que Tamiya aussi et pas à la bonne taille... Enfin bon, j'ébavure, je nettoie, je dégraisse, j'attrape au vol huit joints toriques Asso neufs qui avaient le malheur de passer par là, un ptit coup de Green Slime et un montage à blanc me confirment que je suis sur le bon chemin, ça glisse maintenant comme il faut. Le miracle tribologique s'accomplit à chaque fois! En temps normal, j'aurais passé les tiges au polish également, mais vu les épures de suspension de la bête, c'est un cataplasme sur une jambe de bois. J'en profite également pour faire une mise à l'air du compartiment des membranes en perçant le bouchon, une habiture prise récemment sur les amortisseurs à volume constant et qui semble donner de bons resultats (plus de composante pneumatique, donc moins de fuites d'huile dûes à la pression).

Je remonte tout ça avec de la 25WT au pif, et les ressorts d'origine, et là pas besoin de remonter sur la voiture, j'ai des pompes a vélo et la voiture va sautiller au possible. On le dit et on le redit, le stagiaire qui calculait les "wheel rates" chez Tamiya dans les 80's était nul en maths, toutes les voitures de cette époque sont honteusement "oversprung and underdamped" (je vous laisse traduire). Je passe encore deux heures à essayer tous les ressorts de mon stock qui pourraient convenir, mais vu les bras de levier (amortisseurs très près des axes de triangles), rien de ma collection Losi/Asso ne fait vraiment l'affaire. En hydraulique, j'ai fini avec de la 50 partout, mais les ressorts ne sont toujours pas les bons... J'ai recuperé des Losi Reds recoupés (donc plus durs) derrière, et ainsi, ils ont besoin de pas mal de précharge pour avoir une garde au sol décente. Devant, Losi bleu après maints essais, mais un rapide coup d'oeil sur les épures pour imaginer la géometrie de l'action du monoshock laissent deviner que, quoiqu'il arrive, ça restera au mieux semi-foireux et mou comme une chique. D'un autre côté, ça aidera à prolonger la durée de vie du triangle avant gauche, au détriment de marques sur le châssis, surtout que le parechoc est cassé...

Voila venu le grand moment, on va encore donner une chance à ce tréteau de rouler! C'est sous l'oeil emerveillé de ma fille de cinq ans (merveilleuse enfant, ne change jamais ma fille cherie !) que l'évènement se déroule, avec le 540 et le même stick LiPo... Cette fois, on s'éloigne et on teste d'abord de potentielles pertes radio, sur le support, avec ma fille qui me hurle «c'est bon papa vazy les roues elle bougent» de sa petite voix désarmante mais neanmoins percante <soupir de béatitude paternelle>.

On pose le renard sur ses roues, et hop, c'est parti! Premiere constatation, dans mon souvenir, un 540 ça ne poussait pas aussi fort que ca, j'imagine que les lipos donnent un sacre coup de jeune à ce moteur pourtant anémique. Ca ne gouache pas comme une voiture de competition, mais c'est largement assez rapide pour une mamie presque trentenaire. J'ai une très bonne impression de la Pulsar, dont la prise en main se révèle agréable, et qui se fait vite oublier. Le T-4 est également tout-à-fait décent, avec le rapport de boîte bien adapté au premier abord, on a de la douceur en bas, de la progressivité, c'est facile et agréable. On peut dire ce qu'on veut, mais le feeling d'un bon vieux vario brushed orange, c'est quand même autre chose que les Cray triphasés qu'on a maintenant en course. Deuxième constatation, les ressorts d'amortisseurs ne sont clairement pas les bons, le Fox tangue et roule à qui mieux mieux, évidemment pas aidé par le mono avant (quelle abérration, ce système) et l'absence de B.A.R., et il décroche violemment à la moindre décéleration non en ligne. Evidemment, les pneus arrieres un peu rincés et en caoutchouc d'ébène n'aident pas non plus. Mais cependant, quel plaisir de voir cette voiture en mouvement! Le look est dévastateur, malgré les jantes à la dorure depuis longtemps évanouie.

Le côté Dune Racer est diabolique, et le monoshock prend tout son sens avec ce capot plat, ce pare-brise fortement incliné, et cet habitacle de l'ère cab rearward. L'aileron est très discret, et ce n'est pas plus mal car même avec le plus soigneux des câblages, il est de travelingue, mais en mouvement, impossible de voir quoi que ce soit à ce léger défaut, surtout depuis l'adjonction d'un bout de mousse sous la carro pour pousser sur le lexan. Au roulage, la voiture passe dans un sens avec le 540 qui mouline à fond les manettes, fait un tête-à-queue qui fait marrer ma gamine, passe dans l'autre sens, refait un tête-à-queue, c'est proprement impilotable autrement qu'en ligne droite (et encore) mais peu importe, c'est jubilatoire de pouvoir finalement faire rouler cette rareté modélistique.

Dans un second temps, je me suis attaqué à essayer de trouver un compromis ressort-hydraulique qui permettrait à la voiture de rouler un peu mieux (ou un peu moins mal, c'est selon) afin d'aller l'exhiber auprès de mes petits camarades du SIORC. Le bras de levier sur les triangles arrières étant ridiculement faible et les bosses conçues par JMB particulièrement violentes, il faudrait en théorie une hydraulique très très ferme et des petits trous pour espérer obtenir quelque chose de correct. Malheureusement, je n'ai pas d'autres pistons à disposition que ceux vendus avec la voiture, des deux (gros) trous, probablement préconisés dans la notice à l'epoque. Quand on compare à vue de nez un tel dispositif avec, par exemple, les pistons d'un RC10, on se dit que les ingenieurs de Tamiya étaient certes la honte de leur profession, mais au moins ne pompaient clairement pas ce qui marchait (qui peut en dire autant du TRF 201?)... J'ai passé de la 60WT derrière, ce que j'ai de plus dur, et en "statique", ça commence à s'approcher de l'acceptable. Etonamment, les ressorts qui semblent les moins pires se retrouvent être les ressorts à matelas Tamiya d'origine. Impossible cependant d'avoir quoi que ce soit de correct au niveau du "pack", qui ne vient jamais (la faute aux trous trop grands et à la vitesse de déplacement du piston trop faible), donc au test du "lâcher à 10cm", ça talonne éperdument, klonk. Pour la suspension avant, j'ai abandonné le combat par dépit et manque de temps avant la course. Je retrouve également dans mon stock une paire de pneus arrière "Super Gripper", communs au Boomerang et en meilleur état que ceux qui m'ont été vendus avec la voiture, qui ne grippent rien du tout mais qui ont le mérite d'être quasiment inusables, donc parfait pour du loisir.

Le grand moment arrive lors de la dernière manche du SIORC 2011/2012 (reportage ici-même), où je dégaine le Fox à la fin des essais libres de midi, pour voir ce qu'il a dans le ventre. Evidemment, je ne m'attends à rien de fantastique, après avoir passé toute la matinée à rouler à fond de train avec des voitures modernes et performantes qui collent au circuit comme de la glue et font plisser la moquette et décoller les pneus des jantes tellement elles motricent, mais c'est plus pour détendre l'atmosphère qu'autre chose et s'émerveiller devant les progrès accomplis en 25 ans. La magie du roulage d'un vehicule vintage opère encore heureusement presque à tous les coups! Les anciens viennent voir le tréteau et s'émerveiller devant tant d'esthétisme et de disfonctionnalité. Les commentaires «ha ben ouais je m'rappelle bien de quand ils sont sortis les amortos, c'était le top a l'époque, hein!» fusent. En fait les CVA jaunes Tamiya ont vraiment marqué le modélisme auto, et sont carrément emblématiques de la croissance de la discipline dans les 80's. Un autre commentaire spontané concerne la radio, dont l'ergonomie émerveille, niveau prise en main et équilibre, on se sent tout de suite à l'aise avec et on l'oublie, ce qui est bon signe du travail que Kyosho et ses sous-traitants (le récepteur ressemble quand même fortement à du Sanwa) avaient realisé. Quand la voiture prend enfin la piste, la première impression c'est «ben heu ça avance pas des masses»... Forcément, après avoir descendu pack sur pack avec un B4.1 et un B44.1, ça se traine grave la durite, un 4x2 de 1985 avec un 540! L'autre choc, dans le bon sens cette fois, ce sont les whoops, abordés avec une étonnante aisance comparés aux vehicules modernes. On ne dit pas que ça va plus vite, mais l'impression de facilité est visuellement surprenante, alors que c'est une des parties de piste les plus dures pour nos racers modernes. L'hydraulique trop fluide et sans pack aide probablement les suspensions du Fox à mieux gérer les HF de ces micro-obstacles. Sur les doubles bosses omnipresentes sur le circuit, impossible de juger quoi que ce soit, la vitesse atteinte ne permet pas de tenter la moindre réception au "bon" endroit, i.e. dans la descente de la deuxième, qu'on percute au mieux en pleine montée (quand on arrive jusque-là). Pour le comportement "sur le plat", la tenue de cap est hasardeuse à haute vitesse. La voiture plante majestueusement, comme prévu, à chaque coup de volant un peu appuyé, surtout si on décelère à ce moment. Clou du spectacle, on confie l'émetteur à Lord JMB, Grand Gourou des lieux et Maitre Saconnier, et qui, incidemment, débuta le modélisme il y a bien des années avec, j'te l'donne Emile, un Tamiya Fox! Le sien avait les BAR, nous confie-t-il... JMB ne fait pas bien mieux que nous sur la piste, mais il a le sourire aux lèvres, donc on se dit qu'il passe un bon moment empreint de nostalgie pendant quelques tours; c'est rafraichissant de voir un vrai pro de la branche prendre encore du plaisir à jouer à la petite voiture. Il me semble même avoir vu couler une larme de bonheur sur sa joue droite (la plus rapide), que je m'empressai de recueillir dans une précieuse fiole de cristal souffle par un célèbre maitre verrier vénitien depuis décédé; Dès lors, je la porte en talisman autour du cou, au bout d'un lien fait d'une tresse de cheveux d'Atsushi Hara, récupérés cette fois au fond des poubelles de la Crapette World Cup 2004 à Preverenges. Ca ne m'aide pas à aller plus vite sur la piste, ça sert a rien avec les gonzesses non plus, mais qu'est-ce que ça fait joli quand je la porte sur mon T-shirt blanc moulant...

Avec du recul, le temps investi dans ce véhicule afin d'en faire quelque chose de (encore dis-)fonctionnel a, comme toujours, largement dépassé la période initalement budgetée. Jusque-là, le projet s'est révélé intéressant, mais quand même un peu frustrant, partiellement à cause de la voiture elle-même (casse instantanée, suspensions foireuses, accessibilité ubuesque, tenue de route aléatoire, j'en passe et des meilleures...) et largement à cause d'un debuggage électronique à rendre fou. A terme, il faudrait travailler encore un peu les suspensions de la bête, notamment le compromis pistons/huile, encore largement perfectible, puis dégoter une monte pneumatique décente, et finalement monter une BAR, afin d'en faire un runner vintage pilotable, sans pour autant être performant. Une chose est sûre, en 1986, aucune chance que le Fox n'inquiétat le RC10, voire même l'Ultima, même dans sa version de boîte avec ses bagues en bronze et ses abominables machins rougeâtres qui n'amortissaient rien du tout. Avec le Fox censé faire un malheur sur le papier, Tamiya a sorti en 1986 un modèle déjà obsolète selon les canons de l'époque: zéro réglages possibles, de nombreuses "features" qui ne servaient que sur le papier (et encore), comme cette infâme boîte radio ou bien ces cardans en gummi bears, et des caractéristiques aberrantes comme le mono avant ou bien l'absence de plaque moteur metal le rendaient inutilisable en compétition. Les pseudo-performances n'étaient donc qu'un pretexte commercial (venant de Tamiya, vous êtes vraiment surpris???), mais combien d'entre nous à l'époque s'en souciaient, car le vrai attrait de ce modèle réside dans un look de tueur "old school", aujourd'hui encore bien attachant. Probablement que même chez Tamiya, on n'en a pas pense que du bien non plus à l'époque, car le Fox est un des très rares modèles dont la plate-forme n'a été déclinée à l'époque qu'avec une seule carrosserie, contrairement à la stratégie habituelle de la marque de Shizuoka. Concernant une potentielle réédition, bien malin celui qui aurait pu de toute facon prédire que Tamiya ressortirait les moules de l'Avante ou des SRB par exemple; mais je serais surpris que Tamiya se lance vu les "qualités" de cette machine, donc je parierais sur le fait que l'ADN #58051 reste à jamais enfermé dans sa boîte scellée.. C'est peut-être mieux comme ça, finalement.

Quelques photos supplémentaires:

En savoir plus (liste non exhaustive):

Texte: Lonestar.
Photos: Lonestar & Georges.